Le LYON TURIN : un « débat » ?
NON, une seule ligne à voix unique !
Alors que le rapport de la Commission Mobilité 21 vient de reporter le projet pour absence de risque de saturation, reprenant en cela l'analyse de la Cour des Comptes.
Alors que le Premier Ministre vient de s'abstenir de toute référence au Lyon Turin mais a précisé qu'il suivait les recommandations de la Commission « Duron »,
Alors que seule l'autoroute ferroviaire d'Aiton à Orbassano est citée par le Premier Ministre, les Conseillers Régionaux sont convoqués pour entendre les lobbyistes du Lyon-Turin.
Les opposants ne seront pas entendus par l'Assemblée Régionale alors qu'ils proposent des solutions réalistes :
Ni Philippe ESSIG ancien Président de la SNCF, Président de la société qui a construit le tunnel sous la Manche, qui a déclaré : « Dans un environnement contraint, ce serait une erreur majeure de consacrer les ressources financières qui resteraient à des investissements ferroviaires pour le tunnel de base du Lyon-Turin. Cet ouvrage n'est pas nécessaire aujourd'hui et pour longtemps. La ligne actuelle n'est exploitée qu'au tiers de sa capacité. Ses performances pourraient être considérablement améliorées …. »
Ni Jean Pierre DUPORT ancien Président de RFF qui a déclaré : « Le fret est pénalisé par des retards techniques. Aujourd’hui encore, on ne connaît ni la position exacte ni la vitesse des trains, ce qui limite les possibilités de fluidifier les circulations, de gagner en fiabilité et en capacité ; le freinage des trains fret est archaïque, les vingt secondes s’écoulant entre la commande de freinage et son activation « consomment » plusieurs centaines de mètres d’infrastructure ; la circulation des trains de fret se réserve un an et demi à l’avance, délai dissuasif qui gaspille des circulations réservées et in fine non utilisées ; les chargeurs déplorent la non-traçabilité des envois ; l’absence d’attelage automatique limite la charge des trains et perpétue des métiers dangereux… » (preuve des marges de manœuvre disponibles sur l'existant)
Ni Yves CROZET membre de la Commission Mobilité 21, Professeur au LET Lyon qui a déclaré : « On voit que sur les 3 tunnels français, les deux routiers Fréjus Mont-Blanc et ferroviaire Fréjus, les trafics baissent depuis une dizaine d'années, que ce n'est pas lié à la crise, que ça a commencé en 1994, depuis cette époque, les trafics routiers plafonnent et ils plafonnent essentiellement parce que les échanges entre la France et l'Italie ont atteint une sorte d'asymptote... »
Ni la Coordination des opposants au Lyon Turin qui révèle jour après jour que les trafics ne saturent pas la ligne existante, qu'aucune des déclarations faites devant l'Assemblée Nationale le 13 février 2002 ne s'est réalisée, elles prévoyaient la saturation de l'existant en 2010 et la déclaraient « préalable indispensable », elles promettaient de mettre 300.000 camions sur les trains, elles annonçaient l'utilisation des vingt millions de tonnes disponibles, elles annonçaient 371 millions pour les études et descenderies.
Ni le monde agricole unanime qui a adressé un appel à tous les parlementaires pour leur demander de rejeter l'accord franco-italien du 30 janvier 2012 et d'arrêter le LYON-TURIN inutile.
Ni les élus de droite comme de gauche qui ont déclaré ne plus soutenir ce projet malgré leur soutien durant plusieurs dizaines d'années.
Les Conseillers Régionaux n'entendront pas non plus Philippe DURON qui a déclaré que 82% des français rejettent les nouveaux projets et choisissent l'utilisation de l'existant, que les japonais sur les mêmes lignes que nous font passer beaucoup plus de trains...
Les Conseillers Régionaux n'entendront que le dogme du LYON TURIN, on leur parlera à n'en pas douter de CAVOUR et des pentes, mais on ne leur dira pas que les Suisses font passer 17 millions de tonnes de marchandises sur la ligne historique du Gothard qui a les mêmes pentes et date de la même époque.
Comme les lobbyistes n'ont plus d'argument et ne peuvent répondre aux faits et aux constats, ils invoquent le projet « pluri séculaire » comme les intégristes invoquent la volonté du tout puissant.
A l'appui de leurs incantations, ils utilisent la publicité, les pleines pages dans ... l'Equipe et les deniers publics alors que des efforts sont demandés à tous.
Et comme leur Dieu s'appelle le Lyon Turin, ils lui organisent de grandes messes comme celle d'aujourd'hui ou celle de l'an dernier dans la même enceinte.
Mais ils délaissent l'essentiel et les priorités :
la mise en œuvre des moyens pour reporter aujourd'hui les camions sur le train comme promis devant l'Assemblée Nationale et le Sénat en 2002
Le développement de nouveaux matériels ferroviaires automoteurs intelligents, plus performants et plus adaptés au transport régional qui représente 80 % du trafic routier des marchandises.
Le doublement des lignes ferroviaires entre Saint André le Gaz et Chambéry et entre Annecy et Aix les Bains.
Les opposants sont sûrs, que comme tous les grands services de l’État, comme la Cour des Comptes, comme la Commission Mobilité 21, comme nombre d'autres élus, les Conseillers Régionaux ne se laisseront pas berner par les incantations et la grand messe que l'exécutif régional ose appeler « débat ».
Il est encore temps d'adopter une attitude responsable et de constater la baisse durable des trafics, les besoins de doublement des lignes ferroviaires, la modernisation du matériel ferroviaire.
L'objectif reconnu de tous est l'utilisation de l'existant, reconnaître aujourd'hui que l'existant n'est pas saturé, que le matériel permet d'améliorer les performances, n'hypothèque en rien l'avenir.
Philippe DURON le disait encore le 2 juillet devant les Députés, il n'existe que deux financeurs des infrastructures de transports : les passagers et les contribuables.
Les Conseillers Régionaux sauront le rappeler à l'exécutif et refuser la voix unique.
Coordination des Opposants au Lyon Turin